Ft. Tyldr
Une atmosphère empreinte d'hostilité
Le port est grouillant, fourmillant de dizaines d’individus. Chacun cherchent à tirer partis de sa pêche ou de la pêche du voisin en achetant ses stocks. Je renifle et crache dans l’eau, me tenant d’une main à un cordage alors que mes gars continuent de ramer pour nous rapprocher d’un quai. Le ciel est gris, chargé de nuage clair mais bas, cotonneux. Le brouhaha ambiant me tape déjà sur les nerfs et je suis impatient de rejoindre ma demeure et ma solitude. Enfin… Mon frère et mon beau-frère ne sont jamais loin et depuis quelques temps j’ai une petite esclave. A l'évocation de son visage, un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Un jappement me tire de mes pensées, Freki est impatient de rejoindre le sol. Contrairement à son frère, il aime partir avec moi en mer, mais apprécie toujours autant de rejoindre la terre ferme. Si mon équipage et mes amis ont finit par s’habituer à la présence du loup a notre bord, il n’en est pas de même pour le reste des habitants de Aalborg qui craint la bête autant qu’ils me craignent. Des rumeurs circulent sur le loup-guerrier, celui qui parvient à dompter les loups sauvages. On dit que je me change a la pleine lune pour aller courire avec mes loups et tuer des moutons ou des humains, on dit que je me nourris de chair humaine, on dit que je communique avec mes loups, qu’ils sont mes enfants, comme Fenrir est le fils de Loki. Mais toutes ces rumeurs sont fausses, elles ne sont que des racontars de bonnes femmes pour effrayer les gamins. Je les laisses faire… Ici, plus qu’ailleurs la réputation est ce qui fait un homme et que les gens me craignent me va très bien, ça les maintient loin de ma ferme. Je tourne mon regard vers Freki qui remue la queue en voyant le quai se rapprocher.
“Pourquoi vouloir venir avec nous si tu es aussi excité a chaque fois qu’on rentre ?”Le loup me regarde, puis reporte son attention sur les planches de bois qui se rapprochent de notre embarcation. Il frétille de l'arrière train, se penche sur ses pattes avant, hésite, recommence puis trouvant le courage de bondir, atterrit sur le docks. Il tourne sur lui même, aboyant, jappant à notre encontre alors que nous finissons de nous rapprocher. Moins agile que le loup, j’attends d'être plus près pour, a mon tour mettre un pied à quai. Il me faut une petite seconde pour m’habituer à l’absence de roulis, mon frère me lance un cordage et j'aime le navire. Nous commençons alors à décharger le skrei que nous avons péché. Chacun des membres de mon équipage, une dizaine d’hommes, caressant le crâne de Freki qui attend sagement que tous les marins soient descendus.
Soudain, le loup se met a grogner. Je hausse un sourcil, curieux et intrigué, car l’animal ne gronde que lorsqu’il sent un danger. Je me tourne vers lui et je constate qu’il observe une embarcation qui se rapproche. Un navire que je ne connais pas.
“Sigurd !” dis je sans quitter le navire des yeux.
Mon frère se rapproche de moi, presque aussi grand que moi, une barbe aussi fournis que la mienne mais des cheveux plus longs encore, il a le poil plus sombre que moi.
“Quoi ?”“Ce navire t’est il familier ?”Un moment de silence suit alors que mon frangin tente d’identifier le navire qui faire grogner le loup. Je ne le quitte pas des yeux non plus, tout comme la bete a mes pieds.
“Hmmm… Non. Il ne me dit rien. Pourquoi ?”“Freki n'aime pas ce vaisseau.”“Ton chien n'aime personne mis a part toi, Ulf.”“C’est un loup, Sigurd.”“Il se comporte comme un chien…”Je tourne la tête vers mon frère et plisse les yeux, simulant la colère.
“Tu prefere qu’il t’arrache la moitié d’une fesse pour te prouver qu’il est un loup ?” dis je d’une voix froide ou perce une pointe d’amusement.
“En attendant… Si Freki ne l’aime pas, moi non plus…” finit il par concéder et je rigole a sa réplique avant d'enchaîner :
“Viens ! Allons à sa rencontre.”Et me voilà à grandes enjambés a suivre la trajectoire du navire qui se dirige vers un quai libre. Nos gars continuant de décharger notre pêche, Sigurd et Freki sur mes talons. Lorsqu’enfin, le nouvel arrivant semble a proximité, je campe sur le quai, les poings sur les hanches et lance :
“Hola ! Qu’est ce qui vous amène si loin au sud ? Ton navire ne m’est pas familier, l’ami.”Et je tends une main, près à recevoir un cordage pour aider à amarrer le bateau.