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Rien que du lierre ∵ Anschaire

Sjøen Siegfrieddóttir
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Sjøen Siegfrieddóttir
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Arrival : 16/04/2018
Faceclaim : Faye Marsay @Eurydie
Métier : Fille et héritière du Jarl Siegfried Reginson.
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Rien que du lierre ∵ Anschaire Lun 7 Mai - 14:53

Rien que du lierre
Anschaire & Sjøen

« I have always hated everything. Always angry, always frustrated to never be more than myself. So don’t try to make me smile with your Jesus, slave. »
Elle était dans ses pensées, toujours à ruminer, à pester contre absolument tout. C’était un des grands aspects de sa personnalité, quand elle ne clamait pas sa haine de vive voix. Cette jeune fille était toujours en colère contre quelque chose, peu importe quel prétexte elle peut trouver. Entre la situation préoccupante de son père, les propos proches de la trahison de son oncle, et tout ce qui allait de travers, les pensées de Sjøen étaient obscures, violentes. Et quand s’entraîner contre des mannequins en paille ne suffisaient plus à évacuer ce trop plein à l’intérieur d’elle, elle venait faire les cent pas autour de sa demeure.

Elle cherchait... quelque chose. Un endroit. Elle-même ne savait pas trop ce qu’elle désirait en cet instant précis. Ses pas la guidèrent malgré elle dans cette petite cour, entourée de larges murs envahis par les lierres. Un lieu familier, dans lequel elle avait passé beaucoup de temps quand elle était plus jeune. À escalader, à se cacher des servantes qui voulaient la mettre au lit, à se battre contre des ennemis imaginaires à l’aide d’épée en bois. Ses yeux contemplait cet endroit d’un air lointain, comme si tout ça faisait bien trop longtemps, qu’elle n’était plus cette même furie sauvage. Beaucoup de choses avaient changé. Trop changé.

Ses lèvres laissèrent échapper un juron salé, puis un deuxième, avant d’agripper ce lierre à pleine main et de l’arracher d’un coup sec. Une partie se retira, l’autre restait solidement accroché aux pierres. Elle y mettait de la force pourtant, tout ce qu’elle avait ! Mais il semblerait qu’elle ne pouvait pas lutter contre la ténacité de racines profondément ancrées. Elle ne prit un instant de répit que quand quelques branches épaisses se retrouvaient sur le sol, étriquées comme des guerriers blessés. En les fixant, sans un mot, elle ne se rendit même pas compte de l’état de ses mains maintenant. Écorchées et sales d’une plante qui ne s’était pas laissée faire face à cet acte gratuit de violence. Et le pire, c’était que tout ça n’avait servi à rien : il y avait encore tellement de lierre sur les murs, qu’elle n’arrivait pas à s’ôter de l’esprit combien elle avait aimé cette plante, et surtout cette boule dans sa poitrine était encore là. Elle n’avait pas bougé.

Ah Sjøen, tu es pitoyable. Et ses paumes piquaient maintenant. Sous la terre, elle s’était peut-être coupée avec une des pointes arrachées.

Décidant qu’elle ne supportait plus cette cour pour l’instant, elle se retourna rapidement mais elle le vit. Lui. Alors que cet endroit était sensé être son endroit. Le sien. Par l’œil d’Odin, qu’est-ce que cet esclave fichait ici ?!

Un moine, un chrétien, un de ces étrangers que les hommes de son père avaient capturés, il y avait plusieurs mois. Une propriété du jarl Siegfried, qui devint la sienne peu après. Ton esclave, ta responsabilité, lui avait-on dit. Manifestement, il ne connaissait pas encore les endroits qui lui étaient interdits. Ou du moins, pas tous. Peut-être avait-elle omis de lui parler de cette cour. C’était... son jardin secret, après tout.

« Qu’est-ce que tu fiches ici, moine ?! » grinça-t-elle entre ses dents.

Cela aurait pu être pire : elle aurait pu voir une servante, un des hommes de son père, son père, mais ce n’était qu’un esclave. Malgré tout, elle se sentait envahie dans son espace privé. Ses poings se serrèrent, ignorant la terre et cette légère douleur.
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Lun 7 Mai - 16:39

Vous savez ce qui me manque le plus d’Angleterre ?
Les parchemins.

J’avoue, c’est pas la révélation la plus extraordinaire. Il faut dire je manque pas tellement de grand-chose, physiologiquement du moins. En réalité, d’un certain point de vue, on pourrait même dire que je profite d’un certain luxe par rapport à l’époque où j’étais coincé dans le monastère des angles ; Ici on me donne du poisson et des racines, c’est mieux que les brouets de fèves ou de millet qu’on avait l’habitude de servir au réfectoire, un plat sans goût et lourd mais qui avait l’avantage d’être nourrissant. Si le prieur me voyait dans ma situation d’esclavagisme, plutôt que de me plaindre, il se mettrait à crier que je passe trop de temps à dormir et pas assez à prier et travailler. Mais en même temps, les travaux qui me sont disponibles y en a pas des masses. D’où ma réflexion sur le manque de parchemins. Ici les gens y écrivent pas, non pas qu’ils aient pas de forme d’expression en étant encore au stade sauvage, mais ils préfèrent parler à l’oral, et y sont très forts pour retenir des tas de choses, voire très vieilles.
Mais du coup, j’ai le gros barrage qui m’empêche de me rendre utile d’une quelconque façon : La langue.

Il y a six mois maintenant que je suis arrivé dans le palais du Jarl. Un endroit très chaleureux, une petite pièce dans un manoir de tertre et de bois, où y avait plein de guerriers qui sentaient très fort le sel à cause de la mer dont je venais. Je me souviens que j’étais encore malade du trajet que j’avais dû passer dans la cale, sale et frigorifié, quand on m’avait amené une corde au cou dans cette grande pièce très chaude où un homme était assis sur un siège, avec une jeune fille à sa gauche, et un homme blond et tatoué bien habillé de peaux et de bijoux à sa droite. Les guerriers étaient tous hilares, heureux, et faisaient tourner des choppes et des cornes où ils buvaient de l’alcool qui sentait fort. Ils présentaient volontiers devant le Jarl, tour à tour, des choses qu’ils avaient volé d’Angleterre. Ils présentaient des calices dorés où on avait servi le sang du Christ, l’un faisait rouler un tonneau de bon alcool qui était censé être consacré, un autre se permettait de montrer un coffret contenant des ossements, qui devait être la relique d’un saint que je ne connaissais pas. Les voir dépouiller des richesses sans comprendre ce que ça représentait spirituellement, bien sûr ça m’a un peu fait mal au cœur. Je pouvais pas leur en vouloir, ils ne voyaient que de l’or, sans voir toute l’immensité astronomique qui se cachait derrière, mais je me souviens, lorsque le jarl avait saisi entre ses mains le coffret et qu’il avait agrippé le morceau d’os caché à l’intérieur, fronçant les sourcils, songeant certainement à ce que cela pouvait bien servir, j’avais alors souhaité très fort, dans mon esprit, que le saint le punisse et le foudroie d’une quelconque peste.

Je regrette maintenant d’avoir souhaité ça un peu trop fort, parce qu’aujourd’hui il est malade. Et le jarl a pas été mauvais avec moi. Comme les calices, les bouquins ornés de fines reliures, les vêtements pourpres en soie, ou les reliques protégées par des métaux précieux, j’ai été offert au Jarl. Il s’est un peu amusé à jouer avec le crucifix que j’avais autour, et l’avait fait passer autour de sa famille et des gens présents. Ensuite il a essayé de me parler, dans sa langue incompréhensible où y a beaucoup de consonnes, et j’ai répondu dans la mienne où y a beaucoup de voyelles, et on avait pas l’air bien avancés. Mais ensuite j’ai été nourri, on m’a donné un lit de paille dans une petite pièce du manoir de tertre, et pour une raison que je ne comprend pas bien, voilà qu’on s’est mis à me garder.
J’ai passé beaucoup de temps à juste regarder. Lorsque le jarl était présent, il essayait tout le temps de me parler, mais on ne s’échangeait que des mots que, à tour de rôle, on devait essayer de prononcer. Je regardais souvent quand des gens venaient à son palais. Des paysans locaux qui devaient demander quelque chose. Et ça parlait, et ça parlait… Je vous jure j’ai eu du mal à m’y mettre. Mais on me nourrissait et on me demandait rien, alors je vois pas pourquoi j’aurais eu raison de me plaindre.
Au bout d’un moment, j’ai enfin pu comprendre et dire des mots. « Jarl » déjà, c’était pas si dur parce que tout le monde arrêtait pas de le dire au même type. Mais j'ai toujours été fort avec les langues de toute façon, j'ai vite compris à quel point c'était essentiel. Apprendre à dire « où sont les toilettes ? » en tudesque ça m’a beaucoup aidé quand j’ai été en pays teuton avec Absalon, parce que sitôt franchi le Rhin c’est une autre langue, comme la Loire de l’autre côté. Ensuite, je me suis mis à apprendre un peu qui sont tous les gens qui vivaient dans le petit castel, les gens habituels qui arrêtaient pas de faire des allers-et-retours. Le « Loeknir », par exemple, c’est celui qui m’a apporté des soupes et des choses à boire pendant la première semaine où j’ai été débarqué du bateau et logé chez le jarl ; Il ne m’aime pas. Il me parle pas quand je baragouine dans son langage en essayant de me faire comprendre. Il se contente de grogner et de me dévisager. Le truc c’est que je m’y connais un peu en herbes médicinales et tout, j’avais un potager quand j’étais dans l’abbaye anglaise où on m’a tiré et raclé ma tête sur le sol pour me foutre sur un « drakkar » (Un autre mot que j’ai appris, vous voyez le progrès ?) en partance pour le « Svitjod ». J’aurais donc bien aimé voir ce qu’il cultivait et apprendre un peu de lui, mais il n’aime pas trop m’avoir dans les pattes.

Au bout de deux mois, j’ai enfin pu avoir des bribes de conversation avec le jarl. Pas de moi même, c’est lui qui aimait me parler, mais plus pour apprendre ma langue à moi que la sienne. Le problème c’est que j’en connais plein des langues, alors si pour lui c’était facile de s’exprimer, moi je ne savais jamais vraiment si je devais lui répondre en latin, ou dans une des langues vulgaires que j’avais apprises à beugler au court de mes voyages. Je crois que ça l’a un peu emmêlé, mais sans qu’il s’en rende compte.
Au final, je me suis fixé de leur parler en roman, parce que c’est une langue plus parlée qu’écrite, et que je me voyais mal, sans mes livres, de me mettre à lui apprendre le latin.

Pourtant, il n’était pas totalement idiot le jarl. Un jour, alors que je dormais, il est venu me réveiller. Il s’est assis dans la paille, et m’a remué le bras, et j’ai vu que sur ses genoux il avait ramené un gros livre, un des cadeaux que ses guerriers lui avaient ramené. On a sûrement dû lui ramener simplement parce que la couverture était sertie d’or, et que les pages étaient colorées par des pigments de couleur rares et cher. Mais le jarl, ce qui l’intéressait, c’était ce qui était écrit. Il m’a demandé, dans une langue que je commençais à comprendre, si c’était nos runes à nous. J’avais répondu que je ne pouvais pas comparer, parce que je n’avais jamais vu de runes. Il a contemplé les pages gribouillées de symbole, a agité la tête, puis il est parti sans un mot.
Je savais même pas de quoi le livre parlait. Si c’était religieux ou un texte de l’ancien temps qu’on avait dû sauver.

Après, le jarl a décidé de me confier à sa fille. J’ignore pourquoi. J’avais un peu compris que c’était sa fille unique, mais je ne savais pas trop, pour tout vous dire, ce que le jarl attendait que je fasse auprès d’elle. Il ne m’avait, en fait, pas posé beaucoup de questions sur ma religion ou l’endroit d’où je venais, ce qui semblait l’intéresser le plus c’était la langue que je parlais et le bouquin qu’on lui avait ramené. Mais voilà que je me suis mis au service de sa fillotte, sans véritablement broncher. À dire vrai je les voyais assez peu ensemble, le plus souvent, mais j’ai bien cherché à me présenter et à lui dire poliment qui j’étais, en baragouinant dans un patois nordique où je devais peiner à me faire bien comprendre. En fait, malgré mon âge et le fait que je sois un homme, la gamine me fit vite comprendre que je n’avais pas le rôle d’un maître ou d’un précepteur, mais bien d’un esclave. Ce fut à elle de choisir ce à quoi j’allais servir, et comme visiblement elle ne devait pas avoir grand-chose à faire de moi, elle m’a collé au travail de servant. Du jour au lendemain, j’ai été chargé, comme les femmes de la maison, à m’occuper du linge et du ménage. En soit cela me dérangeait pas tellement, parce que au monastère aussi on m’avait chargé de tâches domestiques de ce genre, mais malgré tout je me retrouvais maintenant constamment entouré de vieilles femmes assez sévères qui n’appréciaient pas que je sois dans leurs pattes. J’ai continué de leur parler, et d’essayer d’échanger avec elles, mais c’était pas aussi naturel qu’avec le jarl, vous voyez.

Pauvre jarl. Je vous l’ai dis, je m’en veux. Je m’en veux parce que c’est moi qui ait prié sincèrement pour que le saint s’empare de son corps et le tue quand il a osé l’attraper entre ces doigts. Et depuis quelques temps, il est tombé malade. Le Loeknir passe tout son temps dans sa chambre, toujours gardée par deux hommes avec des lances qui surveillent avec très forte suspicion les allées-et-venues du guérisseur et de la servante qui vient lui changer son pot de chambre ou lui apporter à manger. J’ai moi même essayé de m’en approcher avant d’être vivement chassé par un grand cri que finalement j’arrivais à parfaitement traduire : « Dégage ! ».

J’ignorais de quoi il était malade, ni si je pouvais faire quelque chose, et sans mes livres de botanique de toute façon ça serait compliqué. Du coup, je me suis demandé si je pouvais tenter de parler à nouveau avec le guérisseur. C’était un peu compliqué, sans doute qu’il serait à cran et aurait encore moins envie de communiquer avec moi. Mais au final cette idée je l’aie gardée qu’au fond de ma tête, et je me suis retrouvé à surtout errer dans le petit manoir sans aucune utilité. J’ai toujours aimé marcher pour méditer, dans les abbayes on a des cloîtres, des petites cours illuminées par le soleil qui servent justement à ça. J’ai réussi à trouver une petite cour qui ressemblait à un cloître, et où j’avais souvent l’habitude de venir la nuit.
Excepté que ce jour, je vis qu’il y avait quelqu’un.

Pour une raison qui m’était inconnue, la fille du jarl était en train de s’acharner sur du lierre accroché au bois. Je savais que la fille était facile à mettre en colère, et puis avec la maladie de son père elle devait être perturbée, mais enfin déchaîner sa colère aussi instinctivement ça allait rien arranger et elle risquait même de se blesser. Dans un soudain instinct de me-rendre-utile, car je ne savais pas comment le nommer autrement, je décidais d’aller battre le pavé de cette petite cour avec mes chaussures neuves qu’on m’avait offertes, et d’aller dans le dos de la jeune demoiselle.
Malheureusement, son premier réflexe fut de m’invectiver, et pas très gentiment. Je me contentais de hausser les épaules et de répondre tout naïvement :

« Moi ? Mais je fais que marcher. »

J’espère que je l’ai dis clairement. Le but c’est d’utiliser des mots et des phrases simples dont je suis sûr que je les maîtrises bien.
Là je m’attends à ce qu’elle crie quelque chose. Un truc genre : « oui et bien tu n’as rien à faire ici, vas-t-en ». Auquel cas, j’obéirais et retournerais me planquer dans ce qui me sert de chambre. Mais c’est un peu trop facile, hein ?
Non. Non d’un coup, j’ai une idée de phrase. Une idée de phrase dont je sais qu’elle risque de l’énerver, mais ça serait une bonne chose, parce que c’est plus productif de s’énerver sur quelqu’un que sur du lierre.

« Pardon, je ne voulais pas te faire peur. »


Dernière édition par Anschaire le Lun 7 Mai - 21:16, édité 2 fois
Sjøen Siegfrieddóttir
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Lun 7 Mai - 18:10

Rien que du lierre
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« I have always hated everything. Always angry, always frustrated to never be more than myself. So don’t try to make me smile with your Jesus, slave. »
Que marcher. Cet esclave ne faisait que marcher. Les sourcils de la jeune fille se fronça tandis que son regard devint d’autant plus méfiant et agressif. C’était comme son oncle, il ne faisait que parler. Et son père ne faisait que mourir. Son avis à elle, c’était plutôt que rien n’était dû au hasard, elle était espionnée. Ou du moins, on gardait un œil sur elle, pour la surveiller. Que ce soit ce moine, ou qui que ce soit d’autre. Comment expliquer sinon sa soudaine présence ici, à cet instant précis, où elle y était ? Ou alors il ne faisait vraiment que marcher, comme ça, innocemment. Et dans ce cas, alors il avait beaucoup trop de temps libre.

Sjøen avait bien conscience que son caractère n’était pas facile, qu’elle voyait des ennemis partout. Chez les inconnus, c’était encore pire : elle n’avait aucune confiance à leur accorder. Sa propre famille se retournait contre lui, et elle devrait croire que des étrangers auraient plus de scrupule ? Elle était jeune, certes, mais pas assez naïve pour croire à ces fantaisies.

Pendant quelques instants, elle resta là, à fixer ce moine. Au moins, il parlait. Ce n’était pas le cas lors de son arrivée... Il avait cet accent exotique, et il alignait bien plus de mots que les paysans qu’on capturait. Un érudit, un prêtre de leur faux dieu unique... Enfin, ses mots, il les gardait pour le jarl. D’ordinaire.

« Je n’ai peur de rien. » répliqua-t-elle sèchement.

C’était une phrase qu’elle disait souvent, que ce soit la vérité ou bien une promesse qu’elle se faisait à elle-même, pour se convaincre. Et pourtant, elle mentait. Elle était effrayée, et elle réagissait de la seule façon qu’elle connaissait : en se fourvoyant et en blâmant autrui de tous les maux. Et puis ce n’était certainement pas un moine esclave qui allait lui faire la morale tout de même !

Se frottant les mains l’une contre l’autre, la jeune fille prit une grande inspiration pour rester digne, mais lorsqu’elle releva son regard et qu’elle croisa le sien, elle y vit... tout ce qu’elle détestait voir. Cette fausse innocence, cette naïveté peinte...

« Je t’interdis de me regarder comme ça ! »

Comme s’il était désolé ou comme s’il voulait se rendre utile. Qu’est-ce qu’il fichait encore ici, debout comme un piquet ?! Il avait pitié ? Oh non... Non, elle ne l’accepterait. Jamais.

« Père t’envoie, n’est-ce pas ? Me surveiller, encore ?! Comme s’il n’avait pas mieux à faire du temps qui... »

... qui lui reste.

Mais elle n’osa pas le dire à voix haute, sa gorge s’était resserrée avant qu’elle n’ait pu terminer sa phrase. Encore un acte de faiblesse, elle s’en rendrait malade. Comme son père. Tiens d’ailleurs, comme c’était étrange. Un homme puissant, craint et respecté comme lui, qui devient faible face une fièvre. L’idée l’avait déjà titillé, et ça restait parfois... Et s’il avait bu du poison ? Et si quelqu’un avait voulu ça ? Avec des plantes ou un maléfice, ce ne serait pas si inconcevable. Et bien entendu, elle pensa à son oncle. Ou d’autres traîtres. C’était bien plus facile à admettre que l’idée d’une simple maladie, un coup du hasard.
(c) DΛNDELION
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Lun 7 Mai - 21:06

Depuis que je suis arrivé ici, je ne me suis pas tellement lié à la jeune fille du jarl. Non pas que je ne la connaisse pas, non pas que je ne lui parle jamais, mais je veux dire, mes tentatives de dialogue et de formulation de propos entre nos langues différentes est bien plus réservé à d’autres personnes du petit domaine ; Le jarl, une servante un peu vieille qui aime être sévère mais qui est aussi une vraie commère, un garde en faction qui a toujours un mot pour moi, au départ pour se moquer de moi mais maintenant il me parle de sa famille. C’est déjà pas mal ! Mais je veux dire, la demoiselle, je sais ce qu’on en dit, surtout ce que ces trois personnes m’en ont dite, mais de moi-même je n’ai jamais eu le droit d’elle que de quelques mots très secs, comme elle le fait maintenant.

Je lui en veux pas bien sûr. Pas parce que c’est une païenne qui sait pas se tenir en société hein, je vous préviens, la grande majorité des seigneurs francs ou lombards se comportent exactement pareil avec les gens du commun ; mais parce que c’est une jeune fille dont le père est malade.

Du coup quand elle m’ordonne méchamment de pas la regarder d’une certaine façon dont je la regardais, je hausse les sourcils. Mais je prend gare à pas faire la moue. Je me contente de baisser les yeux une fraction de seconde et de regarder mes pieds pour calmer son ire, et je la laisse continuer de parler. De toute façon c’est pas comme si j’avais encore le vocabulaire pour me mettre à la réconforter, et puis d’ailleurs comme je vous l’ai dis je la connais pas encore assez pour que ce soit le cas. Donc je me contente de me rendre utile d’une façon bien idiote : Je la laisse ventiler sa rage sur quelqu’un.
C’est plus constructif que de démolir du lierre.

Par contre quand elle se met à ramener son père dans l’histoire, là je suis obligé de relever les yeux, même si je prend gare à un peu baisser la tête pour être rassurant – de toute façon c’est pas bien compliqué, je suis même pas plus grand qu’elle – et de répondre d’une voix accorte.

« Mais non, mademoiselle, votre honorable père n’a rien à voir avec moi… Je… Ne peux pas… Je n’ai pas pu entrer dans sa chambre. »


Je m’en sors mieux à l’oral. Bon je dois manquer de formes et de formules de politesse, mais bon, je m’arrange comme je peux.
Bon. On va être honnêtes vous et moi. Les moines, niveau relationnel, c’est pas les personnes les plus douées au monde normalement. Vivre toute sa vie dans un monastère, entouré d’hommes, avec des règles dures et la discipline, dès qu’on est au contact du siècle ça se voit que c’est pas supportable. Certains moines deviennent agoraphobes, et puis je vous parle pas de ceux qui font vœu de silence.
Mais moi je suis un moine un peu différent des autres. Parce que toute ma vie j’ai été obligé d’être au contact du siècle, enfin pas toujours j’exagère, mais lorsque j’étais en Saxe, ou à Rome, ou précepteur en Neustrie, bah forcément je devais parler aux gens. Surtout en Saxe, où on commençait tout juste à lever des chapelles et rendre service aux gens. Même si je suis pas prêtre, même pas prieur, j’ai dû remplir des fonctions ecclésiastiques, parce qu’on faisait avec ce qu’on avait sous la main.
Pourquoi je vous raconte ma vie ? Parce que c’est lié à pourquoi je me tiens dans cette cour à essayer d’affronter une louve qui veut me bouffer. Parce que je suis pas encore atteint socialement pour pas comprendre quand les gens humains – même les païens – y ont de la peine, surtout quand c’est la fille d’un mec que j’aime bien, parce qu’il m’a quand même nourri et prit la peine de me parler le jarl.

Bien sûr, la technique, c’est de surtout pas lui dire « je suis venu vous réconforter » ou même juste « vous parler de papa ». Si je faisais ça, elle commencerait juste à me haïr encore plus et à me houspiller. Non, faut pas procéder comme ça.

« Mais vous savez, mademoiselle, si vous voulez vous débarrasser du heu… Du lierre
, que je fais en indiquant du doigt l’herbe verte qui gangrène les murs, vous pouvez sûrement demander à un serviteur de le faire. »

Que je fais, sans véritablement assurer de mon ton si c’est une blague ou si je suis sérieux.
Sjøen Siegfrieddóttir
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Mar 8 Mai - 21:36

Rien que du lierre
Anschaire  & Sjøen

« I have always hated everything. Always angry, always frustrated to never be more than myself. So don’t try to make me smile with your Jesus, slave. »
Par principe, Sjøen ne savait jamais quoi penser des esclaves. Ce n’était pas comme avec des servants ou des guerriers, eux n’étaient pas libres. S’ils disaient ou faisaient quelque chose de travers, rien ne viendrait les protéger de la colère de leurs maîtres. Voilà pourquoi ils étaient souvent prudents, se mettant toujours dans l’avis de ceux qui les possédaient. Elle-même, en l’occurrence. Alors d’une façon ou d’une autre, il fallait toujours se méfier de l’avis d’un esclave. Trouver dans leurs mots ce qu’ils veulent vraiment dire. Il voulait être quelque d’avenant, de rassurant, ça s’entendait. Oh elle n’allait pas se laisser attendrir si facilement !

Même s’il fallait l’avouer, l’entendre dire ces mots étrangers, dans sa langue et avec son accent, ça rendait la chose... bien mieux. Exotique.

La jeune fille n’était pas à cheval sur la politesse, même si elle détestait qu’on lui manque de respect. Si on la considère à son juste titre, sans les formules qui vont avec, alors ça lui allait tout autant. De fait, elle ne chercherait pas à reprendre cet esclave pour les formes. Elle le regarda longuement, de haut en bas, sans aucune pudeur, et finit par lâcher un petit soupire en croisant les bras.

« Mademoiselle... » répéta-t-elle en essayant d’imiter son accent.

Elle n’avait aucune conscience de ce que ça voulait dire, mais ça sonnait bien. Elle espérait pour lui qu’il ne s’agissait pas d’une insulte. Enfin, avec le ton qu’il avait employé, ça l’étonnerait beaucoup. La demoiselle se risqua donc d’esquisser un léger sourire en coin avant de lui répondre.

« Je peux. Mais c’est mon lierre. » affirma Sjøen en se retournant vers la plante misérablement saccagée.

Maintenant qu’elle le voyait ainsi, elle regrettait un petit peu son geste. Elle était si en colère, contre tout, et elle ne pouvait pas s’empêcher de faire des choses par pulsion, comme si ça pouvait la soulager ! Ne serait-ce un instant. Le plus triste, c’était que ce n’était jamais le cas. Son regard se reposa alors sur ses mains et se les frotta l’une contre l’autre, tâchant de les nettoyer au mieux de la terre qui y étaient incrustée. Et effectivement, elle s’était légèrement entaillée la peau avec les branches...

« Père m’a dit que tu utilisais les plantes. C’est vrai ? »

Son regard se releva vers lui, toujours aussi sérieuse mais cette fois-ci, ce n’était pas une question sans réponse, elle attendait quelque chose de sa part. Un mot. Sans pour autant vouloir paraître pour une demoiselle qui craignait la moindre blessure... Elle était une viking, la descendante d’une lignée de guerriers, elle n’avait jamais peur d’avoir mal. Mais si elle pouvait éviter une infection, ce serait pour le mieux.
(c) DΛNDELION
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Mar 8 Mai - 21:56

J’ai pas pu m’empêcher de sourire quand elle a essayé de parler roman. La manière dont elle a répété ce mot fleuri avec pas mal de voyelles, ça a un peu donné un résultat bizarre, traînant, comme si elle avait un chat dans la gorge ; mais ça doit donner un résultat similaire quand moi j’essaye de dire des mots compliqués en nordique, et presque tous les mots sont compliqués, pour ça que des fois je-n’ai-pas-d’au-tres-choix-que-d’é-pe-ler-comme-ça.

Du coup, elle est devenue un peu plus accorte. Un tout petit peu plus. Enfin dans une phrase. N’allons pas exagérer.
J’ai regardé le lierre arraché, un instant. Puis alors qu’elle parlait et que j’attendais de trouver mes mots pour lui répondre, je reprenais.



« Oh je connais des… Des plantes effectivement. De Causis plantarum, par Théophraste le sage, élève d’Aristote. C’est… Une pierre runique, une thèse botanique de mon royaume qui parle de centaines de plantes différentes, que j’ai eu à étudier. »

Je sais pas comment traduire « livre » en fait. Ici ils maîtrisent l’écriture, mais plutôt que de la compiler sur des peaux très fragiles et très coûteuses, ils travaillent sur des écorces de bois, et des pierres où ils composent leurs histoires. Du coup c’est assez passionnant, certes, mais je manque de vocabulaire, et puis pour étudier leur alphabet c’est un peu compliqué, je devrais me rendre plusieurs fois sur leurs pierres pour comprendre leurs runes. Faute de mieux je fais avec.
Après avoir bien dit mon mot savant dans ma langue, je détourne ma tête pour observer la plante qu’elle a tenté d’arracher.

« Vous me demandez ça pour le… Pour entretenir… Je fais à mi-voix en regardant la plante, tout en sachant pertinemment pourquoi elle me demande ça. Mais vous voyez, c’est pour éviter de piquer sa fierté, ou celle de son guérisseur qui m’aime pas, en faisant genre que c’est pour une autre raison et pas parce qu’elle a besoin d’aide qu’elle me demande.
Le loeknir est un peu occupé par votre père… Cela ne vous ennuie pas si je… Si je lave votre plaie ? » je reprends malgré tout sans qu’elle réponde à la question du lierre, en me tournant à nouveau vers elle, et en approchant doucement mes mains pour me saisir de ses poignets.
Sjøen Siegfrieddóttir
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Mar 8 Mai - 22:44

Rien que du lierre
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« I have always hated everything. Always angry, always frustrated to never be more than myself. So don’t try to make me smile with your Jesus, slave. »
Elle ne comprenait rien de ce qu’il racontait. Le moine disait des mots, mais ils n’avaient aucun sens ici, et ça semblait si... lointain. D’ailleurs, elle était presque sûre qu’elle ne parviendrait pas à les répéter, pas même dans sa propre tête. Ce n’était qu’un enchaînement de sons, beaucoup de « a ». Elle haussa légèrement les sourcils en l’écoutant : est-ce qu’il cherchait à l’impressionner en prouver qu’il était un érudit ou bien il avait si peu de connaissance de leur langue ?

« Tu ferais mieux d’apprendre à mieux parler comme tout le monde, moine. »

Son ton sonnait un petit peu comme une moquerie, mais dans le fond... elle était amusée. Elle aimait son accent. Et c’était un petit peu pour lui aussi qu’elle disait ça. Il avait de la chance, elle appréciait tout ce qui paraissait  étranger ou exotique, mais s’il tenait à ne pas se faire martyriser par les gens d’ici, alors il faudra qu’il y mette davantage du sien.

« Je te demande ça pour mes mains. » répondit-elle, en le coupant presque. « Tu ne m’as pas l’air bien utile pour le jardinage de toute façon. »

Personne ne touchera à son lierre. Du moins, tant qu’elle le décidera. C’était le sien, son endroit, sa responsabilité, ses ordres. Tout comme cet esclave devant lui, c’était exactement pareil. Le sien. Autant qu’elle sache ce qu’il peut ou ne pas faire. D’ailleurs, elle se demandait bien pourquoi il avait reparlé du lierre, alors qu’elle venait de lui dire qu’elle ne comptait pas y toucher. Il ne l’avait pas écoutée ? Ou alors, il était stupide ? La question de sa fierté lui semblait bien lointaine, comment aurait-elle pu songer qu’il s’en soucierait... ? Il n’était qu’un esclave, après tout.

Elle lui tendit alors ses mains, qu’il saisit doucement entre ses doigts. Lui qui vénérait une sorte de dieu complètement inventé et faux, elle se demandait ce qu’il ferait... Peut-être une sorte de magie, de poudre aux yeux, ou alors peut-être qu’il avait réellement certaines connaissances. Pas autant que le guérisseur de son père, elle n’en doutait pas, mais peut-être assez pour de simples égratignures.

« C’est presque rien. Mais je veux savoir si ça pourrait être ton rôle, moine. Est-ce que tu fais d’autres choses, à part juste marcher ? »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Mer 9 Mai - 0:21



« Au contraire mademoiselle, je pense que je peux vous… Prouver, que je suis bon pour le jardinage. »

Je vous ai dis que les livres me manquaient. Quitte à pas avoir de parchemin, autant m’attacher à d’autres travaux un minimum intéressant intellectuellement, non ? Pour ça que j’ai pas hésité à reprendre la parole pour lui répondre avec la même mi-voix accorte. Malheureusement, le jardinage, surtout de toutes les herbes intéressantes, elles sont réservées au guérisseur, qui prendrait très mal le fait que je m’immisce dans son travail vu comment il a rejeté le seul moment où je lui ai dis que je m’y connaissais un peu en plante. « Non tu t’y connais pas », qu’il a dit ou que je crois qu’il a dit, si j’ai bien traduit, c’était le mois dernier.

En attendant que l’idée de ma proposition de botanique fasse subtilement son chemin, en essayant qu’elle intercède (peut-être) pour que le guérisseur accepte qu’on travaille ensemble (ou plutôt que je travaille sous ses ordres, ça froisse toujours moins quand on reste servile face à quelqu’un), je dois m’occuper des blessures de la jeune fille. J’attrape ses poignets et je lui fais ouvrir les mains, pour que je puisse glisser mes doigts sous les siens et que j’observe la blessure. Elle a des mains de jeune fille, mais je les sens un peu asséchées, ce ne doit pas être la première fois qu’elle se les blesses. Il y a pas tellement de risque d’infection, parce que la plaie est petite, et peut-être aussi parce que j’ai entendu un autre moine me dire un jour que le lierre il servait à guérir les plaies, du coup tant qu’on lave bien il ne devrait pas y avoir de soucis. Je lève mes pupilles et lui fais un petit sourire rassurant, comme le docteur à un patient.

« Je ne suis pas loeknir. J’ai je suis sûr moins de… De savoir, que lui. Je dois pouvoir… Obtenir du savoir de lui plus que lui de moi. Mais je sais quelques choses que j’ai apprises.
Il faut du… hm... »


Le problème c’est le nom des plantes. Elles ne me viennent qu’en latin ou en roman. Je vous le dis, si seulement le loeknir acceptait que je le suive dans ses pattes, je suis sûr que je pourrais être plus utile. Mais heureusement, une petite idée me vient malgré tout à l’esprit.
Ça remonte à il y a… Un moment. Je suis pas sûr. Difficile de garder une notion du temps quand on vit au jour le jour. Je garde une notion des saisons plutôt. C’était au début du printemps. Le jarl avait reçu un cadeau, très spécial, qui devait avoir une certaine importance parce que c’était une occasion où les guerriers du jarl se sont réunis. Et on lui a offert un pot de quelque chose que j’ai reconnu tout de suite : Du miel.
Le miel c’est fou, il y en a partout. J’ignore si les nordiques ont une apiculture. Peut-être qu’ils les collectent directement dans les ruches sauvages, comme les ours, ce serait pas étonnant vu comment certains d’entre eux ressemblent à des ours. Apparemment c’est quelque chose de luxueux pour eux, pour qu’on en offre un pot à un jarl et que le jarl l’accepte avec un grand sourire et de chaleureux remerciements à celui qui lui en a porté. Du coup j’ai gardé le mot en leur langue, que je dis un peu plus fort :

« Du miel. Il faut vous appliquer du miel sur la plaie, pour vos mains. Elles iront mieux. »

Je lui referme lentement les mains avant de lui lâcher les poignets et de remettre mes mains dans le dos.
C’est qu’une fille à qui je rends service. Mais franchement, vous voyez comment ça me brise dans mes vœux prêtés selon la règle de Saint Benoît : Non seulement je vis dans le siècle, mais en plus je touche une femme qui a pas l’âge canonique. Je tressaillis en imaginant à nouveau les coups de fouets que l’abbé m’administrait périodiquement quand j’étais jeune.

« Je sais des choses. Je sais des choses que j’ai apprises au… Dans… Dans les royaumes « d’ailleurs ». »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Ven 11 Mai - 0:07

Rien que du lierre
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« I have always hated everything. Always angry, always frustrated to never be more than myself. So don’t try to make me smile with your Jesus, slave. »
« Parce que tu es vraiment doué avec les plantes ? »

La jeune fille n’y croyait qu’à moitié. Il n’avait pas les mains taillées pour ce genre de chose : les serviteurs chargés de ce genre de tâches finissaient toujours avec des mains abimées. Il fallait dire que tout ce qui pourrait était aussi dur et rude que les gens d’ici. Et les autres, les guérisseurs, eh bien… ils étaient tellement à part, même Sjøen ne comprenait pas toute leur science. Ce savoir devait leur venir des dieux, ou alors ils guidaient leur main. Et cet esclave… non, il n’était guidé par aucun dieu. Malgré ce qu’il peut penser de son faux dieu unique.

Prudemment, elle le regardait faire. On ne le dirait pas ainsi, en connaissance son caractère opiniâtre, mais elle accordait une grande attention aux gestes de ce moine, à la façon dont ses doigts passaient dans les paumes de ses mains. De légères piqures se firent sentir, mais rien de bien intolérable : elle était déjà rentrée chez elle avec des plaies bien plus ouvertes que ça ! De plus en plus concentrée, sa langue passa même contre ses lèvres avant qu’elle relève la tête à ses mots. Et… il souriait. Pourquoi est-ce qu’il souriait d’un coup, comme ça ? Elle fronça les sourcils, méfiante et perplexe. Ce n’était qu’après qu’elle eut une théorie, celle de la rassurer. Comme si elle était une petite fille et qu’elle avait besoin d’être consolée. Un léger rictus se dessina sur son visage, mais elle ne dit rien. Du moins, pas sur ça.

« Ça non tu n’es pas loeknir. » confirma-t-elle sans vraiment de forme. Pourquoi faire des ronds de jambe quand quelque chose était aussi évident ? « Tu veux parler au loeknir de Père ? »

Pour elle, c’était plus ou moins l’idée, non ? Pourquoi en parlerait-il sinon ? Ce n’était pas pour la rassurer encore plus, elle ne semblait pas si fragile que ça… Du moins, elle l’espérait très fort ! S’il voulait quelque chose, autant qu’il demande clairement, cela gagnera du temps pour tout le monde. Sjøen ne comprenait pas pourquoi tout le monde se contentait dans cette danse interminable de politesses et de petites attentions pour demander ce qu’on souhaite réellement. Certes, à question rapide, réponse rapide, dont refus quasiment immédiats, mais au moins… tout le monde est fixé. Et on se demandait encore pourquoi elle avait du mal avec l’univers des adultes.

La jeune fille le voyait bien, qu’il cherchait ses mots. Cependant, elle ne pourrait pas les trouver pour lui. Tout ce qu’elle pouvait faire – et ce dont elle ne se priva pas – c’était de le presser du regard. Elle ne resterait pas là, plantée comme un navet, pendant que son esclave retrouve sa langue.

Du… miel ?

Certes, ça avait le mérite de la surprendre. Elle retrouva ses mains qu’elle frotta encore l’une contre l’autre avant de les poser sur ses hanches. Si la fille du Jarl avait vaguement conscience des vertus de cette substance, elle n’allait certainement venir se servir juste pour deux égratignures !

« Ou je vais juste les passer dans la rivière ! » Ce sera plus vite vu. « Je savais que je n’aurais pas dû demander… »

Elle laissa échapper un ou deux jurons pincés entre ses lèvres avant de finalement lever les yeux au ciel. Elle aurait certainement dû s’y attendre, auprès d’un esclave étranger.

« Est-ce que tu cuisines au moins, moine ? J’ai faim. »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Ven 11 Mai - 0:39

Mains dans le dos, dos lui-même courbé, tête légèrement plissée. J’ai toujours appris à me donner l’air accorte et servile, c’est une seconde nature. Depuis que je suis petit, on insiste sur l’importance de l’humilité. C’est un mot que je ne saurai pas traduire en nordique, ça, humilité. Et franchement, j’en faisais plus montre devant ceux de ma patrie et de mon Église que les étrangers chez qui je suis retenu. Je n’ai jamais eu à m’allonger sur le ventre et à embrasser les pieds du Jarl ou de sa fille, chose que j’ai eu l’habitude de faire devant des évêques, y comprit celui de Rome. Alors franchement, que la petite, femme de sexe et jeune d’âge me fasse fermer son clapet avec véhémence, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre – pardonnez la référence ribaude je vous prie – et ne me déphase absolument pas. D’où je pourrais en prendre ombrage ? Vous m’avez pris pour un suicidaire ? C’est même pas le fait que je sois un esclave qui me touche, désolé pour eux, c’est juste mon logiciel de moine serviteur du Christ qui fait cela.

« Bien sûr. Si vous voulez nettoyer à l’eau, nettoyez à l’eau, le miel est juste plus efficace. Ce n’est pas une grande blessure après tout, vous avez certainement vécu pire… Vous ne craignez pas de vous… infecter, bêtement, et de ne plus pouvoir utiliser l’épée pour un motif aussi bête qu’avoir arraché du lierre. »


Je ne la regarde plus dans les yeux avec cette dernière phrase. Je courbe presque entièrement le dos avant de le relever lentement. Je laisse mon texte faire le chemin jusqu’à son crâne, avant d’enfin réagir aux autres phrases qu’elle a prononcé.

« Le loeknir de votre père est occupé avec votre père, je ne souhaite nullement le déranger alors qu’il est occupé. Je souhaite simplement, un jour, vous… Montrer mon savoir, auprès de lui, le loeknir, et de ses plantes. »

Je fais beaucoup de répétition dans mes paroles. Je manque de vocabulaire. Le plus important ça a été la structure grammaticale vous savez, après le vocabulaire j’ai pas d’autre choix que de l’acquérir au fur et à mesure. Au fond parler une langue c’est pas difficile, l’écrire c’est une autre paire de manche par contre.

« Si vous voulez que je cuisine, je… Cuisinerai. Même si ce n’est pas mon grand savoir. »

Et sur cette simple parole, je détourne les talons et commence, les mains toujours bien dans le dos, à m’éloigner aussitôt, traçant le chemin vers le petit réfectoire du manoir de tertre, ne m’arrêtant qu’au bout de huit pas pour regarder derrière moi et voir si la petite seigneruesse allait me suivre sans faire de caprices.
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Lun 14 Mai - 23:41

Rien que du lierre
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« I have always hated everything. Always angry, always frustrated to never be more than myself. So don’t try to make me smile with your Jesus, slave. »
La fierté était quelque chose de très présent chez la jeune fille. Et dans la culture nordique d’une manière générale. L’orgueil, l’estime, l’honneur, tant de mots qui décoraient un même sentiment de grandeur personnelle. C’était sûrement pour cela qu’elle ne comprenait pas bien qu’on puisse si docilement s’aplatir devant une autorité qu’on ne choisit pas. Certes, les esclaves étaient des esclaves, ils n’avaient même plus ce droit de valoriser leur propre estime, mais en regardant davantage ce moine, en essayant de comprendre ce qui se passait derrière son visage trop calme et posé, il lui semblait qu’il ne chercherait même pas à s’affirmer. Comme si ça ne le dérangeait même pas !

Et comme il le soulignait très bien d’une manière indirecte, elle ferait bien ce qui lui chanterait. Si elle ne voulait utiliser du miel, eh bien elle se passerait de miel, voilà tout. Sjøen releva alors la tête vers lui, et le vit encore se baisser poliment et humblement, et elle eut encore une fois le regard contrarié.

« Cesse de te courber sans arrêt à la fin ! Si tu es un si bon guérisseur que ça, j’envisagerai de te faire une place auprès du loeknir. Mais pour l’instant, apparemment, il n’a pas besoin de toi. »

Elle se fichait de la construction des phrases du moine. Peut-être que ça l’handicapait, qu’il devait toujours réfléchir trop longtemps avant d’énoncer la moindre idée ou politesse, mais elle ne s’en souciait pas. Le principal, c’était qu’elle comprenait. Et pour l’heure, elle saisissait plutôt bien le sens de ses mots. Oh elle n’était pas ce genre de demoiselle qui appréciait les jolies phrases bien tournées, avec une certaine finesse et délicatesse, comme de la poésie. Comme beaucoup d’autres choses, ça ne l’intéressait pas.

« Bien. Je veux juste un encas, rien de plus. Apporte-moi ça sur les remparts. »

Défenses sommaires de Visby, davantage un mur d’enceinte, une palissade, mais quelques gardes avaient moyen de monter pour faire le tour de la ville. Voir de plus loin. L’autre solution pour profiter de la vue était d’escalader les murs pour accéder aux toits, et apprécier un paysage bien plus vaste. Malheureusement, si elle s’adonnait encore à ce genre d’imprudence, elle n’en parlerait pas ouvertement avec quelqu’un d’autre. Surtout un esclave dont elle n’avait pas encore confiance.

Une fois ses ordres donnés, elle le laissa partir à sa tâche. Même si, comme il disait, ce n’était pas son plus grand savoir. Eh bien il allait apprendre ! Ou trouver une autre solution. Il semblait être intelligent…

Étant bien décidée à ne pas le suivre aux cuisines – lieu auquel elle n’appartenait clairement pas – la jeune fille se dirigea vers le lieu qu’elle avait indiqué, passant devant deux gardes qui lui laissèrent l’accès. L’horizon était une vue qui lui plaisait particulièrement, même si rien ne s’y passait, et qu’elle connaissait ces arbres, ces chemins par cœur depuis le temps qu’elle les contemplait. Elle marchait, faisait le tour lentement, espérant que ce moine ne prenne pas trop de temps.
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Mar 15 Mai - 19:32



J’en suis réduit à faire la cuisine. Vous vous rendez compte ?
Je ne dis pas ça par fierté. Dieu m’en garde ! Enfin, s’il le faut, alors je dois me fouetter et faire pénitence. Oui oui, l’humilité, je vous en ai parlé. Non je ne dis pas ça par fierté, et puis d’ailleurs savoir cuisiner c’est pas un mal, on devait bien le faire dans notre communauté de vie au monastère, et c’est un de ces rares plaisirs charnels auxquels on a encore accès la bouffe, même si on nous dit de pas trop apprécier, sinon il faut à nouveau chercher à expier un peu ses fautes…
Je dis surtout que j’en suis réduis à ça parce que c’est un gâchis monstre. Et surtout un sacré moyen idiot de me renvoyer comme cela alors qu’on vit un moment qui est beaucoup plus important.

Le Jarl est malade. Son âme va quitter le monde. Et l’on voudrait que je fasse de la nourriture ? C’est, au fond, un sort assez enviable par rapport à d’autres qu’il est possible de vivre. Mais est-ce mon sort de chrétien ? Est-ce que mon but n’est pas de finir brûlé vif par les païens pour devenir martyr ?

Je quitte la jeune fille pour retourner dans la maison de bois où vit le jarl. L’endroit est petit, on s’y repère vite ; Mais le long du chemin je ne peux m’empêcher de ruminer dans le fond de ma gorge, en saisissant de ma main droite mon petit chapelet que je triture entre mes doigts comme un jouet. J’ai une idée de quelque chose que je dois faire, mais j’hésite beaucoup…
J’arrive. Elle n’est pas attachée au manoir, elle est en fait sous un porche de bois où l’on a mis des gamelles et où un bâtiment derrière cache les fumoirs où on met la viande à sécher. Sur le chemin je dérange trois poules qui caquettent et s’enfuient avec leurs pattes et leurs plumes en l’air, jusqu’à aller retourner près de leur petite cage toutes proches des cuisines. Il y a un homme qui s’occupe des cuisines. Un grand monsieur, sans cheveux sur le crâne ni barbe, assez gros, mais malgré son physique qui tranche assez avec la populace locale, il parle dans leur même langue à eux. Aski, il s’appelle, me traite avec une caution toute particulière, et d’ailleurs lorsque je m’arrête devant lui en penchant la tête il se dépêche de me scruter de la tête aux pieds, avant de me dire, un peu hésitant et peureux :

« Bonjour, que veux-tu ?
– Salut à toi, Aski, la fille du jarl, elle désire manger quelque chose. Peux-tu lui préparer et lui porter ?
– Heu, je… Oui, je le ferai. »


J’ai l’impression de lui faire peur. C’est bien original, parce que je suis pas grand ni épais, que j’ai pas d’armes et que je traite tout le monde avec un ménagement zélé. J’ignore ce qu’il a dans le crâne, qu’est-ce qui hante son âme, mais comme je fais bien attention de ne pas approcher un chat qui se replie (Sans quoi il crache et vous attaque), je décide de ne pas harceler d’Aski de plus de questions, et sitôt ma tâche déléguée, je lui fais un deuxième signe de tête et me dépêche de m’éloigner.

J’ai besoin de manquer à ma tâche, parce que j’en ai une plus importante encore à accomplir.


Le jarl est à l’étage de son manoir. Sa chambre est fermée et l’on ne peut pas s’approcher, à moins que l’on soit le guérisseur, la servante, ou la fille du jarl ; c’est tout le manoir qui a été vidé, on ne peut pas lui adresser de requêtes ni y loger, un simple militaire à l’entrée, avec une fine lance et un bouclier aux couleurs de Visby, a éloigné poliment ce matin une fermière qui était venue demander quelque chose, en lui disant, avec un haussement d’épaules, de repasser plus tard. Ils doivent avoir fait exprès de mettre le seul garde sympathique à l’entrée. Quand je passe devant lui, en quittant la cuisine à ciel ouverte toute proche du tertre, il me fait un petit sourire et un mouvement de tête, auquel je répond. Il lève la main et m’interpelle, d’une voix haute vu la petite distance qui nous sépare.

« Va t’occuper thraellar, tu n’as pas besoin de venir au manoir pour l’instant.
– Pardon, Sven. Je ne fais que marcher.
– Tu n’as pas mieux à faire que marcher ? Va donc au port comme tout le monde. »


Il n’y a pas de commandement dans sa voix. Plutôt une suggestion sympathique. Je me contente de plier les lèvres en évitant son regard.

« J’aime marcher. »

Cela l’alerte pas. C’est l’avantage quand on a l’air d’un débile, les gens vous laissent tranquille. Je me souviens, dans le monastère où j’ai grandi, le bourg d’à côté il y avait un idiot du village. Il aurait pu dire « je vais monter dans le moulin » on lui aurait juste répondu « fait attention à pas tomber » en souriant. Vu sa façon de me regarder, avec son sourire condescendant et sa mine, il doit se dire que c’est normal chez les gens comme moi. Je suis sûr il est même ravi que je me mette à parler la langue, depuis le temps que je suis dans la domesticité du jarl. Des mois à être ici, rendez-vous compte, la bouche en cœur. Peu étonnant qu’on me coltine à faire le linge, et qu’apparemment on a envie de me faire mettre à la cuisine.
C’est pratique ce déguisement de débile. Il va beaucoup me servir, parce que maintenant je me retrouve à faire le tour du manoir. Il est très important que je rentre à l’intérieur. Il faut que je me rende utile, et quand je veux dire utile, je veux dire utile d’un point de vue métaphysique. D’un point de vue divin, nom de Dieu.

Malheureusement il y a très vite une embûche. Je tourne autour du bâtiment, et je découvre vite que s’il y a effectivement une porte derrière, elle est fermée. Eh oui, même les scandinaves ont créé un système très primitif de loquet intérieur, probablement avec juste une planche de bois dans l’entrebâillement. Comme je n’ai pas la vigueur ou la stature de Judas Maccabée, je me suis retrouvé dans une situation quelque peu humiliant alors que je tentais de pousser la grosse porte avec flanc. Après m’être tapé dedans, je me fis très mal et reculait en me frottant l’épaule et en gémissant.

Malgré cet obstacle, je décidais, non sans avoir soupiré et regardé la porte pendant un long moment comme un petit animal inquiet, de continuer mon plan. Je fis le tour du grand manoir, imaginant quoi faire.
Par chance, la maison, probablement car c’est celle du chef du village, a des fenêtres. Rares sont ceux, même pour les fidèles proches du pouvoir, qui ont ce luxe. En plus le temps était froid lorsque je suis arrivé, les hivers sont rigoureux, la seule ouverture normalement construite est au sommet de la maison pour permettre d’évacuer les fumées des feux. Ici, quelques fines ouvertures existent pour faire passer la lumière et l’air, même si elles peuvent être recouvertes. Elles ne sont pas à hauteur humaine. Lorsque je m’approche d’une d’elles, je dois lever les mains pour l’atteindre, et elles sont très fines. Je décide malgré tout de me soulever du mieux que je peux, ce qui me prend un temps fou le temps de bien m’accrocher et de me hisser. Lorsque je décide de me faufiler à l’intérieur, je me retrouve avec ma robe de bure qui remonte et qui doit laisser voir mes mollets à la vue d’éventuels guetteurs. L’entrée est toute fine, et je peine à réussir à passer dedans. Je me tortille tel un saumon sorti de l’eau, je fais du bruit, et finalement j’arrive à être expulsé de l’autre côté, à l’intérieur du bâtiment.
Je tombe lourdement et décide de vite me remettre debout en me frottant. J’ai réussi à trouer mon vêtement et j’halète, cet effort étant déjà bien supérieur à tous ceux que j’ai l’habitude de fournir. Mais enfin, me voilà l’intérieur, chez le jarl.

Ce que je m’apprête à faire, on a déjà dû tuer des gens pour une telle chose. Je sais que en Francie c’est ce qu’on aurait fait ; Prit en flagrant délit, le coupable aurait été probablement attaché à un cheval et traîné à travers les terres du seigneur jusqu’à ce qu’il meurt, ou bien il aurait été écartelé, ou jeté dans de l’eau bouillante, ou une arène avec un ours. Tout un tas de punitions atroces pour lesquelles les hommes en colère sont très imaginatifs. Mais il faut que vous compreniez : Je fais ça pour lui ! Ça me semble très important.
Je pénètre dans le Trésor du Jarl. C’est l’endroit où il range toutes ses affaires de valeur qu’on lui offre, venus de raids ou des terres de l’île de Götland. Peut-être que c’est un impôt, plus ou moins officiel, je ne sais pas quel usage justifie ou organise cette affaire ponction fiscale. Mais en tout cas, c’est là qu’il exhibe sa valeur fiduciaire, un mot compliqué (Pour faire savant) qui veut juste dire que c’est son flouze.
Dedans il y a des reliquaires en or, des objets sacerdotaux qui sont en métal précieux ou couverts de bijoux. En voyant ça, je ne peux pas m’empêcher de trembler, j’ai des frissons ; Je me signe devant eux et est à deux doigt de me prosterner. Si j’avais l’occasion, je m’empresserais de tout ramasser, de courir au port de Visby et de m’enfuir pour tout ramener ça en terre de la Chrétienté, mais malheureusement un tel plan est absolument suicidaire et même si je n’ai pas peur de mourir en martyr, je crois que Dieu a encore un petit peu besoin de moi respirant et sans entraves. Aussi, j’ignore ces magnifiques objets dorés, j’ignore également les peaux d’ours ou de loup, les fourrures, les pots de miel (Même si j’attrape une toute petite cruche en terre cuite qui en contient et que je glisse sous ma bure, pour quand je reverrai la petiote du Jarl), les épées forgées, les poteries et les magnifiques boucliers peints. Je ne cherche qu’une chose, pendant un long instant, un instant trop long à mes yeux, de peur d’être pris sur le fait. Je sens la sueur qui perle sous mes aisselles et dans mon dos, quand enfin, je découvre l’objet de ma venue ici :
Posée sur un coffre, un grand objet rectangulaire. Avec une grande, grande précaution, je m’en saisis. J’ai devant moi la chose qui me manque depuis que je suis parvenu sur cette maudite île.
Un livre.

Je m’agenouille devant et le saisi entre mes mains. Il est énorme, c’est une encyclopédie, pas un petit codex. Mais ce n’est pas une Bible. Je me saisi de la couverture, que je sens étonnamment fragile. Elle est enluminée, avec de l’or distillée dans la lettrine. Les pages sont des parchemins attachés entre eux, si fragiles, j’hésite à ouvrir le bouquin de peur que tous les feuillets s’envolent ou se transforment en poussière.
Sur la couverture, le titre : Geographica, Strabo.

Je soulève le livre en grimaçant et je le porte sous mon bras. Le viking qui a volé cet ouvrage devait réellement tenir à l’emporter, peut-être qu’il a cru que parce que le bouquin était gros il avait plus de valeur que les autres. En tout cas, cette compilation est lourde, et c’est avec peine que je m’en empare. Je décide de retourner près de ma petite fenêtre qui est vers le couloir.
Je commence par faire passer le bouquin dans le trou. Il est plus petit que moi, et avant de le faire tomber de l’autre côté, à bout de bras, je ne peux pas m’empêcher de faire une prière :

« Saint Jérôme, faiseur de livres, prie pour moi et cet ouvrage… »

Je me signe et balance l’objet avant de m’agripper à la fenêtre et d’à nouveau tenter de remonter. Je m’efforce de grimper malgré le fait que j’ai un peu mal dans mes bras. Mais alors que je me prépare à passer ma tête et mon buste dans la fente, j’entends du bruit venant d’une autre pièce. Je me dépêche de me lâcher et d’aller me cacher derrière une grande poutre qui soutient la baraque, tassé le plus possible pour ne pas me faire voir.
Je sens la présence de deux hommes qui parlent entre eux, dans un langage rapide et sans faire traîner les mots pour que je puisse m’efforcer de comprendre. Je ne comprend que des bribes d’expressions, et des mots, que je devais m’efforcer de reconstituer et de deviner leur sens selon le ton qu’ils employaient. Là où l’un semblait assez excité, de la panique dans sa voix pourtant peu sonore, l’autre répondait par des piques sèches, et très présomptueuses.
Comme l’évêque Absalon.

« Østein s’en occuperait, lui.
– Va le prévenir.
– Le jarl n’est pas encore mort.
– Ce soir ou à la nouvelle lune, le problème reste le même.
– Attention à ce que tu dis ! Il pourrait te punir.
– Il ne peut pas. »


Je tourne la tête autour de mon pilier pour observer les deux bavard. Ce sont des hommes, barbus, le visage un peu tatoué. Ils portent de beaux vêtements, pas d’armes. Je crois que ce sont des aristocrates, ou ce qui doit se rapprocher d’une aristocratie dans le coin. Des petits chefs fidèle au jarl ? Est-ce qu’ils ont leurs propres villages, ailleurs dans le Gotland ? Ou alors ce sont des guerriers qui vivent dans des maisons de Visby ? Ils sont dans la grande halle, toute vide. Aucun n’est monté sur les marches du trône en bois du jarl, mais là ou celui qui est stressé (Celui qui menace son comparse de la punition) et arpente la salle pour faire les cent pas, l’autre est fixe, les deux poings posés devant lui sur une de ces grandes tables sur lesquels des habitants s’attablent les jours de fête. Et ils piaillent. Ils piaillent.
Ils conspirent en fait. C’est une situation que je connais trop pour ne pas la reconnaître. J’ai eu l’intelligence, l’humilité, et surtout le manque de pouvoir pour me soucier de toutes ces querelles pendant l’intégralité de mon existence ; Quand ça parle de l’Hispanie ou des Basques, moi je n’étais qu’un honnête petit moine à l’oreille distraite, qui gardait tout pour lui. Il semblerait que les nordiques ne soient pas si différent des chrétiens, dès qu’il s’agit de faire des messes basses et de cacher au reste du monde leurs intentions.

« Nous avons besoin de prévenir Østein. Puisque c’est toi qui a donné l’idée, cours-y.
– Et s’il prend une action ? Et s’il décide d’agir trop tôt, alors que son frère est subitement sauvé ?
– Mieux vaut trop tôt que trop tard.
– Non ! Østein ne nous le pardonnerait pas, et le jarl non plus ! Je ne sais pas pour toi, mais moi, je n’ai pas envie qu’on m’ouvre pendant le... »


Il prononça un mot que je n’arrivais pas à déchiffrer. Mais son collègue n’en resta pas de marbre, tant la menace devait être terrifiante. Il cessa d’écraser la table de ses points et se releva.

« Il nous faut consulter une völva. Elle seule peut nous aider.
– Et nul doute qu’elle nous fera payer nos présomptions ! Mais je préfère être jugé par les Dieux que par Siegfried ou Østein… Est-ce que tu saurais comment- »


L’homme sévère penche la tête. Il étend son bras, et le pointe dans la direction du dos de son camarade peureux. Le peureux se retourne.
Et il me regarde, droit dans les yeux.

J’ai jamais été très bon pour me cacher.

Je me recule, terrifié, en levant les mains en l’air. J’ai même pas le temps de m’enfuir, tout juste de me tourner vers la petite fenêtre. L’homme peureux, avec ses grandes jambes athlétiques, saute sur la table, bondit derrière le banc, et fonce vers moi alors que j’entends le bruit distinctif d’une lame qui se frotte à son fourreau. Je balbutie très fort quelques mots alors qu’il m’attrape par ma robe, me tire vers lui, puis s’empoigne de mon cou pour me coller violemment contre le mur. Je peux voir la pointe de son couteau qu’il approche de ma joue, si proche que je peux sentir le froid de l’acier. La chair de poule gagne chaque centimètre de ma peau et mon ventre se noue. Il me faut une force mentale surhumaine pour ne pas me pisser dessus.

« Que fais-tu là ?! Depuis combien de temps es-tu là ?! Qu’as-tu entendu ?!
– Eirik... »

Son camarade enjambe la table de lui-même, alors que je balbutie, craintif, quelques mots. Je deviens rouge et apeuré, je sens des larmes venir dans ma gorge et sur mes yeux. Les deux types se regardent, Eirik ne relâchant pas son emprise martiale sur mon corps qu’il pourrait trancher en l’espace d’un battement de cil.

« Eirik, c’est l’esclave du jarl.
– Il fout quoi ici merde ?! Il n’est pas dehors ?!
– C’est ici qu’il habite, d’un autre côté.
– Même les servantes sont dehors pour faire la lessive ! Depuis combien de temps il est ici ?!
Hein, répond !
Aboie-t-il d’une voix pourtant faible, probablement pour ne pas alerter les gens à l’étage, tout en me regardant à présent, ses yeux bleus, si glacials, directement dans les miens. Tu ne veux pas parler, tu sais que j’en ai déjà fait parler des plus braves que toi ? »

Il arrête de m’étrangler, mais sa main ainsi libre vient se saisir de la mienne. Avec seulement ses gros doigts rustre, il se met à tenter de retourner mon pouce, ce qui me fait très mal. Je me met à crier, mais alors il écrase la pointe de son couteau sur ma joue. Il ne taillade pas, mais ça me fait assez peur pour que je cherche à garder ma voix.
Comment tous les saints de l’Église chrétienne ont pu être courageux en subissant la mort et la torture ? Cet homme est en train de faire pression sur un doigt et j’ai l’impression que je vais perdre tout contrôle de mon corps. Imaginez que Sébastien a été criblé de flèches avant d’être battu à mort !

« Je… Mon… Une poule sur… un mur, qui… Qu-qui pi-pi-core du-du pain… Dur…
Alouette, g-g-gentille all-llouette...

– Eirik, ne le lâche pas. Un instant. »


Le second scandinave s’approche de moi, alors que je suis en train de sangloter de panique. Il ouvre ma robe de bure, et en tire le pot de miel que j’ai chapardé. Il ricane dans sa gorge, et un rictus mauvais se dessine sur son visage tandis qu’il montre le recel à son camarade, qui commence à lentement me lâcher.

« Il ne nous comprend même pas, Eirik. Il est juste venu voler quelque chose à manger.
– Hm ! Je devrais le tuer ici, ne serais-ce que pour lui apprendre le droit !
– Laisse tomber, laisse tomber on a mieux à faire. »


Eirik me lâche et tout de suite, mou comme tout, je tombe assis par terre. Des grosses larmes me coulent sur les joues, ce qui fait rire le type avec le pot de miel. Eirik, lui, a l’air trop en colère et paniqué pour s’en amuser. Il se contente de ranger son couteau.

« Tiens, hey... »

Il siffle pour que je lève la tête, et me montre le pot de miel, avant de mimer un lancer. J’ouvre la paume de ma main, et une deuxième fois il me l’envoie dans la main pour de vrai.

« C’est bien ! Bien rattrapé ! Niahaha ! »

Il donne un coup de coude à son collègue, puis les deux quittent la grande salle prestement.

J’attends un long moment qu’ils soient partis, avant de retourner à ma fenêtre que je grimpe en gémissant. De l’autre côté, je rattrape le livre. Il est abîmé et de la poussière s’est mise dessus. Je me dépêche de le reprendre et de le cacher sous ma robe de pure, en le tenant bien, et je m’éloigne d’un pas trop rapide pour être nonchalant le plus vite possible. J’ai le temps de sécher mes larmes sur le trajet et de tenter de reprendre mes esprits, tout en me maudissant dans ma barbe pour avoir réagit ainsi.
Je marche un long moment pour me calmer en rond. Le mauvais temps est en train de se lever : Il y a des gros nuages dans le ciel et un vent qui souffle jusqu'à s'infiltrer sous ma bure pour frigorifier mes membres. Je décide de retourner vers les remparts. Une grande palissade de bois, gardée par quelques miliciens locaux avec des lances. Il y a un endroit où je peux grimper une échelle, avec une seule main parce que je tiens le gros livre contre ma poitrine avec l’autre. Avec difficulté, je monte sur le petit chemin qui contourne les remparts. Je n’ai heureusement pas peur du vide – même si j’ai peur d’un tas d’autres choses – et c’est sans difficulté que j’arrive jusqu’à la jarlesse que j’aperçois.
Je m’approche dans son dos, mais elle se retourne en me sentant arrivé. J’ai jamais été très discret. Dans ses mains elle a un morceau de pain et une petite corbeille de poterie avec des baies et des fruits. J’en déduis donc que le chauve obèse lui a apporté son encas à ma place. En tout cas, elle a l’air en colère de me voir. Un peu paniqué par son regard, je m’éclaircis la gorge, et je courbe la tête devant elle, avant de me rappeler qu’elle me l’a interdit. Je me remet donc droit et je me dépêche de faire un :

« Désolé. Oui, heu, désolé. »

Et de sous ma robe de bure, je sors la grosse encyclopédie. Je m’éclaircis la gorge une deuxième fois, reprenant.

« Il me fallait vous parler de quelque chose. »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Mar 15 Mai - 20:33

Rien que du lierre
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Il n’y avait qu’une seule fichue personne pour avoir ce pas maladroit, ce bruit de tissus qui se frotte et qui peine à monter cette simple échelle. Alors non, ça ne lui semblait pas étonnant de se retourner et de tomber sur le moine. Et elle eut un rictus bien peu enthousiaste à son arrivée. Le morceau de pain atterrit rapidement dans sa bouche et elle en arracha un bout avant d’hausser les sourcils face à lui, comme si elle attendait quelque chose. Un mot. Quoi que ce soit. Désolé. Oh oui, il était désolé… La jeune fille avança d’un pas vers lui, lui arrachant les yeux simplement en le fixant comme elle le faisait.

« M’apporter à manger. C’est tout ce que je t’ai demandé de faire. M’apporter à manger ! Petit trou du cul de Ratatosk !! »

Elle le poussa alors d’un pas avec le bras qui tenait le pot, ne se privant pas de lui montrer ce qu’il aurait dû faire. Oh oui, elle était énervée !

« Et tu reviens avec un livre… ! Un stupide bouquin ! »

S’en suivit une longue liste d’insultes que le pauvre chrétien ne pourrait certainement pas comprendre, mais il pouvait aisément deviner que les propos de la jeune fille étaient très colorés, vives d’images particulièrement connotées, très fleuries. Ce qu’il venait de faire, c’était ni plus ni moins un refus d’autorité ! Elle était sa supérieure, en tout point de vue, et lui avait trouvé l’insolence de demander à quelqu’un d’autre de la servir. Évidemment, cela la mettait hors d’elle !

« Maintenant, qu’on soit bien clairs, moine. Tu es à moi, tu n’as plus ta fichue liberté de quand tu étais dans ton monastère piteux ! Ton rôle, c’est de m’obéir, et quand je te dis d’aller me chercher un encas et de me l’apporter, tu vas le chercher et tu me l’apportes ! Si tu es si intelligent, alors ça devrait se graver dans ta petite cervelle, imbécile de chrétien ! Heureusement pour toi que j’ai le ventre plein, car sinon je t’aurais fait jeter par-dessus ce mur avec une lance dans les entrailles. Et la prochaine fois que ça arrive, pain ou pas pain, c’est ce que je ferai ! »

Elle ne l’aurait peut-être pas fait elle-même en vue de son gabarit, mais elle pourrait aisément demandé à un garde de le faire. Et vu la corpulence des hommes de Visby, ce ne serait pas une chose particulièrement difficile. Le fait était qu’elle y songeait avec le plus grand des sérieux et une détermination rare pour une jeune fille de son âge. D’une certaine façon, elle vivait ça comme si on s’était moqué d’elle. Comme si lui, un esclave chrétien, s’était ri d’elle !

Un pas en arrière, elle revint là où elle était initialement, appuyée sur une des rambardes pour regarder l’horizon. Oh Sjøen en aurait bien besoin pour se calmer, maintenant. La mâchoire serrée, les yeux qui se levaient au ciel, elle trouva refuge dans la fin du pain qui lui restait, qu’elle avala d’une traite.

« Maintenant je suppose que tu n’as pas trouvé ce livre sur un banc. Alors en plus d’être fainéant, tu voles ? Hah, tu redores le drapeau des chrétiens, pour sûr. »

Il avait dû trouver le moyen de se faufiler quelque part, tromper des gardes – ce qui était déjà étonnant – pour venir chercher parmi les trésors un livre. Un seul et épais livre. Pas de bijoux, pas d’or, rien qu’un fichu bouquin. La jeune fille se retourna, le dos reposant contre la rambarde, l’expression dépitée. Elle n’aurait pas dû attendre plus d’un esclave étranger et elle commençait à mettre cette histoire sur le compte de sa stupide curiosité. Hm, non. Elle n’avait rien fait de mal, c’était cet esclave qui se croyait tout permis, doit-disant parce qu’il est intelligent et qu’il connaît trois plantes.

« Eh bien ? »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Mar 15 Mai - 21:25


Je deviens alerte à la menace de mort de la filotte. C’est que je viens juste d’y échapper. Si je n’avais pas eu la présence d’esprit de me mettre à baragouiner dans ma langue plutôt que d’essayer de parlementer avec des gens que je comprend à peine, peut-être aurais-je eu la jugulaire tranchée. J’ai encore le stress et la bile de cet incident dans l’organisme, ce qui, vous vous doutez bien, m’handicape légèrement devant la jarlesse. Soudainement mon idée d’aller apporter un bouquin au jarl, qui aurait pu paraître sympathique et chaleureuse un instant, se transforma en plan apparemment bon à m’amener à la potence.
Pourquoi je suis revenu jusqu’ici, d’ailleurs ? C’est débile. J’étais au rez-de-chaussée, et je venais d’échapper à la mort. Qu’est-ce qui m’empêchait de monter quelques marches craquantes pour venir me présenter devant le jarl ? Deux gardes de sa maison me barraient la route, certes, et je pense que dans mon élan de lucidité je savais qu’il était plus simple de demander à Sjoen de me laisser entrer chez son père malade, plutôt que de convaincre deux gardes de me laisser entrer alors que je portais un ouvrage qu’ils auraient tout de suite deviné que je l’avais volé de son trésor.
D’un autre côté, peut-être que les gardes m’auraient juste ouvert la porte et présenté devant le jarl, quitte à ce qu’il demande à me décapiter dans la seconde selon leur propre opinion soudaine. Ma foi, je commence à regretter. Mais maintenant c’est fait, c’est fait, alea jacta est comme dirait César.

« J-j-je… C-c’est… Pour…
Votre père... »

Sur le coup je comptais aussi lui offrir le pot de miel pour ses mains. Mais je pense pas que ce soit l’instant où elle prendrait ça bien. Plus tard. Dans deux minutes, si elle se met pas à hurler comme une sirène avant.

« Votre père, i-il… Il… Il v-voulait que je… Que je l-lui lise ça…
Il y tenait ! Il voulait savoir ce que les dessins signifiaient ! »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Jeu 17 Mai - 11:37

Rien que du lierre
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« I have always hated everything. Always angry, always frustrated to never be more than myself. So don’t try to make me smile with your Jesus, slave. »
Elle fit un nouveau pas vers lui, son regard toujours aussi foudroyant plongé dans le sien comme si elle pouvait l’étrangler même à l’intérieur de sa tête. Ah comme elle souhaitait que les dieux lui aient offert ce pouvoir. Pour l’heure, elle se contenta d’en rêver. Ce moine, cet esclave avait délibérément désobéi pour un livre. Pire que ça : il s’était introduit là où il n’avait clairement pas le droit d’aller juste pour un petit truc ! Avait-il conscience de… non, certainement pas. Ça ne devait même pas l’avoir effleuré dans sa petite tête bouclée. Au-delà de sa propre frustration de ne pas avoir été écoutée, cet imbécile de chrétien était la preuve vivante que son propre esclave n’écoutait aucunement sa maîtresse. S’il continuait ses stupidités, on en viendra à dire que l’héritière de Visby ne se fait même pas obéir par ses propres possessions ! Quel crétin, naïf rat imbécile. Toutes les insultes y passèrent, sifflées entre ses lèvres pincées avant de finir par un râle alors qu’elle se reculait en levant les yeux au ciel.

« Stupide crétin. » finit-elle tout de même. « Qu’est-ce que Père à avoir là-dedans ? »

La jeune fille eut alors un geste de la tête vers le livre que le moine gardait précieusement entre ses mains. Ça devait valoir beaucoup. Peut-être pas en or, mais peut-être pour les chrétiens comme lui. D’après les leçons qu’elle avait reçu, les gens comme lui accordaient plus d’importance aux pages d’un livre qu’à leur propre or. Les paysans venaient même donner leurs biens pour qu’on leur récite une ou deux pages. Croyant certainement protéger ou sauver quelque chose. Comme si prier suffisait. Aux yeux de Sjøen, c’était plutôt clair : une religion pareille ne pourrait pas survivre. Un jour ou l’autre, ils se feront tous balayer à force de passer leur temps dans des temples au lieu de se battre.

« Ce livre… Il a quel genre de vertus ? C’est un livre magique ? »

Peut-être qu’elle allait se montrer aussi stupide que lui, mais si jamais grâce à un livre et grâce à un faux dieu son père pouvait guérir, alors… peut-être que ce ne serait pas une religion si inutile après tout. Pour l’heure, évidemment, elle en doutait sérieusement. Autant dire qu’elle ne voyait aucune crédibilité aux pouvoir de quelques lignes de texte. Les bras de la jeune fille se croisèrent contre elle, retrouvant un semblant de calme même si on devinait toujours cette même tempête dans ses yeux et sa voix.

« Tu sais quoi, moine ? J’ai du temps devant moi. Parle-moi de ce livre. »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Jeu 17 Mai - 16:10

Je retourne le gros livre, pour lui présenter la couverture, appuyant l’autre bout contre ma poitrine. Je serre l’ouvrage aussi fort que possible entre mes bras, comme un enfant qu’il me faudrait protéger face à une soldatesque rapace qui voudrait l’égorger. C’est que ce bouquin est précieux. C’est difficile pour une culture qui n’écrit pas, au-delà des pierres, de se rendre compte de l’importance de ces pages.

Est-ce que vous devinez ne serais-ce comment c’est difficile d’écrire et de compiler un livre ? On doit utiliser des peaux d’animaux, et je parle pas de la grosse fourrure qu’on utilise pour faire des manteaux comme certains des guerriers nordiques portent fièrement, là je vous parle d’une couche d’épiderme extrêmement fine et fragile, parfois on utilise la peau de veaux mort-nés mais comme ça coûte extrêmement cher on la réserve aux pages les plus importantes, souvent celles avec des prières. La peau extrêmement fine, on devait payer quelqu’un, un fabriquant, pour qu’il l’étire et, avec grande difficulté, qu’il la rende sèche et douce, avec une texture propre à l’écriture. Même avec cette préparation, les pages étaient souvent si rugueuses et dures qu’il fallait très délicatement gratter chaque page avec une pierre-ponce. Il fallait des jours entiers pour préparer chaque page.
Aucun livre n’est unique. On copie et on recopie. Dans le noir des monastères, nous les moines nous devons recopier chaque mot lettre par lettre, à la lueur d’une bougie, en utilisant une plume. L’encre qu’on utilise elle-même est précieuse, elle apparaît pas par magie : On la récupère à partir de galles, des petites noix sur les chênes, mais qui ne poussent pas sur les chênes naturellement, elles naissent par des piqûres de guêpes parasites qui oxydent l’arbre. Si on ne transforme pas bien l’encre, elle peut devenir trop acide, et au bout de quelques années, arracher les pages.
Tout ça est fait pour un seul livre, ordinaire, qui ne peut pas être ordinaire. Pour ça qu’on vénère les livres. Pour ça que, pour traduire de leur richesse métaphorique, on décide de lui donner une richesse fiduciaire. Sur ce bouquin, sur la couverture que je présente à Sjoen, il y a de la lettrine dorée, avec des dessins et des formes artistiques ; elles ont dû être gravées à la main, ce n’est pas une reproduction. Pour faire ces dessins, il faut utiliser des brosses, parfois avec un poil pas plus épais qu’un cheveu. Les peintures qu’on utilise pour les dessins sont faites par la destruction et le pilonnage de pierres précieuses, de la malachite ou du lapis-lazuli qu’on faisait don au monastère en échange de prières. L’or lui-même, c’est du vrai or, détruit jusqu’à le réduire en poudre, plus fine qu’une toile d’araignée.
Tout ça pour un bouquin, un seul, qui a dû demander le travail de dizaines de personnes pour le créer. Mais tout ce que je vous décrit là c’est de la pisse de chat. C’est de la poudre de perlimpinpin. C’est rien. Ce qui est important c’est l’écrit lui-même, pas la matière ou la couverture.

Je tiens entre mes mains un savoir. Un savoir compilé par un sage de son temps, qui a respiré l’air de cette Terre il y a huit siècles. Les nordiques gardent le savoir de leurs anciens par l’oral, par les histoires et les sagas qu’on chante de père en fils depuis des générations. Mais là je ne vous parle pas d’un roman épique, je vous parle d’observations, de voyages, d’études qui ont été compilées après des années de pensée. Ces pensées n’ont pas pu être retenues par des chanteurs, leurs fameux scaldes. Elles ont été retenues dans ces textes et ces ouvrages fragiles. Fut un temps glorieux où ils étaient contenus par milliers et milliers dans toutes les villes du monde au sein de grandes bibliothèques.
Et puis les Âges Sombres sont arrivés. Et des masses de gueux et d’illettrés et de vauriens sans scrupules les ont mis à sac, et brûlés, et anéantis, et ont fait disparaître tout le savoir du monde. Des païens, des barbares… Et même des chrétiens. Même des chrétiens ont participé à ce saccage en règle, à l’époque où on grattait les parchemins pour les revendre, où on brûlait les livres pour en récupérer l’or des lettrines pour le collecter. Ce qui a survécu, après le passage des hordes, il a fallu le redécouvrir et le préserver.
Ces livres sont tellement précieux qu’on ne les obtient pas facilement. Pour avoir cet exemplaire de Strabon dans le monastère que ces païens nordiques ont attaqué, il m’a fallu aller à Rome. Il m’a fallu une année entière. Une année à marcher sur les routes de l’Empire du Roi Charles, pour aller dans la ville éternelle, au milieu de ces vestiges et de ces monuments en ruine du passé. Un an à pétitionner, en compétition avec d’autres monastères, pour obtenir l’accord de la Papauté afin que je puisse ramener quelques fragiles exemplaires poussiéreux, calcinés ou en ruine jusqu’aux murs de mon abbaye éloignée du siècle, et que dans l’ombre du monde, nous travaillons à rendre au monde qui accouchera bientôt le savoir des Anciens.

Alors oui, quand Sjoen me pose la question, c’est sans mentir, et absolument assuré de mes mots, que je lui répond tout doucement :

« Oui. Ce livre est magique. Il contient la pensée d’hommes supérieurs à nous, qui ont vécu sur cette Terre il y a bien longtemps… À l’époque où les Jötunn vivaient sur la Terre. »

La dernière phrase en revanche, je n’en ai aucune idée. Mais c’est bien la seule comparaison historique que je connaisse de ce que j’ai pu entendre des scaldes, alors je la ressors.

Lentement, j’ouvre la couverture du livre pour montrer au hasard une double-page. Le gros bouquin fait du bruit quand je déroule les pages si fragiles et toutes sèches. Mais l’on peut distinguer les lignes en latin, rédigés – et c’est une nouveauté de notre temps – en minuscule caroline, avec tout autour des dessins faits avec des peintures colorées rares et chères.

C’est quand même incroyable que le viking qui ait vu cet ouvrage ait décidé de le garder et que le jarl ait eu la sensibilité d’en être émerveillé. N’importe quel autre personne l’aurait brûlé et profané pour en récupérer les bijoux incrustés.

« C’est… Votre père… Il voulait que… Que je lui lise ce livre.
C’est un livre qui décrit le monde. Tout le monde entier. Car celui qui l’a écrit a énormément voyagé. Il est allé jusqu’en… Jusqu’à une terre où il y a une désolation de chaleur, et de grands monuments qui s’élèvent au-dessus de la Terre, et où un fleuve découle dans une vallée si fertile que des fruits gorgés d’eau y poussent toute l’année. »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Mer 11 Juil - 20:53

Rien que du lierre
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« I have always hated everything. Always angry, always frustrated to never be more than myself. So don’t try to make me smile with your Jesus, slave. »
De par sa culture et son éducation, Sjøen n’avait aucun mal à croire aux objets magiques. Certains étaient bénis des dieux, d’autres par les prêtres, et tous possédaient des pouvoirs qu’elle ne pourrait imaginer. C’était… simplement la première fois qu’on lui parlait de telles capacités dans un livre. Comme quoi, parfois, les autres cultures ressemblaient tout de même à la sienne, comme des reflets dans un miroir ou dans l’eau. La jeune fille s’approcha alors, posant son regard clair avec bien plus d’intérêt sur cet ouvrage. L’époque où les Jötunn vivaient sur la Terre, comme disait son esclave. Ça avait quelque chose… de très impressionnant. Et aussi, très oppressant. Mais pas uniquement…

Une nouvelle lueur commençait à s’illuminer dans son regard à mesure qu’il tournait les pages. Cela avait beau ne ressembler en rien avec ce qu’elle connaissait, ce livre l’intriguait. Bien sûr, elle ne comprenait pas toute la richesse des mots recopiés mille fois, et encore moins les significations des illustrations, mais maintenant qu’elle savait que d’une façon ou d’une autre, ce livre possédait des pouvoirs… Ce n’était tout de suite absolument plus comme les autres babioles chrétiennes !

« Qui a écrit tout ça… ? » demanda-t-elle, sa voix légèrement plus basse.

Comme si un ton trop fort ou trop autoritaire pouvait briser les feuilles déjà bien fragiles de ce livre. S’il était magique, alors il ne s’agissait pas de protection pour sa propre conservation.

Malgré tout, les paroles du moine avaient le don de l’enchanter. Quel genre de voyage avait pu faire cet homme pour avoir vu toutes ces choses ? De vraies terres désolées sous un soleil flamboyant, des tours, de très grandes tours qui traversent les nuages… Elle les voyait comme si elles étaient sous ses yeux ! Et son visage devint un petit peu plus candide que cette mine qui se voulait trop adulte trop vite. Ce genre d’histoire l’avait toujours passionnée, et c’était bien connu de ses nourrices qui avaient toutes les peines du monde à la mettre au lit, cette petite. Obligées de conter les récits héroïques de Thor, d’Odin, les chevauchées de son père, tout grand guerrier qu’il était ! Pour l’heure, la jeune fille était perchée sur les lèvres de son esclave, bien impatiente qu’elle était.

Cependant, dans toute cette excitation nouvelle, un doute émergea. C’était étrange que son père fasse quérir expressément ce livre. Tout magique qu’il était. Il ne semblait pas être homme à aimer qu’on lui raconte les aventures. Non, lui il les vivait les aventures !

« Je ne comprends pas… Pourquoi Père vous a demandé la lecture de ce livre ? »

Ça n’avait pas de sens… Et puis maintenant qu’il avait autant aiguisé sa curiosité ! C’était… criminel. Elle aussi avait envie de savoir ce qui se racontait, quels voyages avaient fait cet homme inconnu… Quelles batailles ? Quels honneurs avait-il gagné ?

« Raconte-moi. C’est bien la moindre des choses après m’avoir impunément désobéi, moine ! »
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Re: Rien que du lierre ∵ Anschaire Sam 14 Juil - 19:08

Encore des questions. C’est très énervant ; d’habitude les païens quand je leur dis des trucs ça les rend humbles et ils se contentent de boire mes paroles. Les saxons ils étaient plus faciles à discipliner que les normands, mais je suppose que la grosse différence c’est que derrière moi, en Saxe, il y avait des milites francs couverts de cicatrices et avec des grosses haches pour donner du crédit à mes propos. Cramer des arbres sacrés ça aide beaucoup à asseoir sa légitimité religieuse. En plus, je vous rappelle que je viens d’être presque tué par quelqu’un avec un poignard ; Le souvenir me rend encore très agité, à moitié apeuré, alors l’empressement me fait juste serrer mes dents.
Du calme Anschaire. Chie pas dans ta bure. Je prends une grande inspiration nasale, avant de reprendre avec le même ton grandiloquent.

« Cet ouvrage a été écrit par un savant, qui s’appelait Strabon. Un homme plus vieux que la ville de Visby, qui parlait une langue que je ne connais pas et que de grands loeknirs ont traduit pour moi. C’était un homme qui avait une… Science, une intelligence plus grande que peu d’humains ont aujourd’hui. »

Je ne mens absolument pas. Strabon était grec, même s’il est devenu citoyen romain. Je connais assez peu sa vie, et ce sont des linguistes qui ont traduit ses récits de voyage et son énorme encyclopédie où il parle du royaume entre les mains d’Auguste, un royaume si grand que Charles lui même ne pourra jamais l’émuler, et pourtant il est énorme le royaume de Charles.

« Je ne sais pas pourquoi votre honorable père voulait connaître ce livre. Mais il le voulait. Il voulait que je lui parle et je lui explique tous les endroits du monde, car ce livre décrit ce monde, des endroits que je connais et des endroits où je n’ai jamais été. Il y parle de Rome, la plus grande cité que l’Humain ait jamais bâti, plus grande encore que celles des nains ! »

Voilà, là elle va être curieuse, non ?
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Rien que du lierre ∵ Anschaire
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