Je ne vois qu'une esclave ( Lauren )

Je ne vois qu'une esclave

La force c'est là tout ce qu'il y a de plus important. Regardez ces gens, leurs vies n'a pas plus d'intérêt que celle de servir fidèlement les Dieux, nos croyances et ce qui fait de nous un peuple dévoué et particulièrement violent. J'analysais scrupuleusement part delà l'estrade en bois sur lequel se tenait fièrement mon trône. Il représentait ma position, le pouvoir et la domination que chaque jarl avant moi avait obtenu au prix de sacrifices et surtout d'une grande ambition. Les qualités d'un leader sont parfois peu de choses, ici un chef est avant tout un guerrier de grand renom. En ce qui me concerne je n'avais pas plus cherché à devenir jarl que par la force des événements qui créaient autour de nous cette véritable tension. Elle est de plus en plus palpable, je sent leurs regards tout autour, les rapaces, vautours attendent patiemment l'instant de faiblesse qui me mettrait à genoux.

Le ciel est couvert d'un blanc manteau, quelques flocons persistent encore à tomber par delà les ruelles et les habitations. C'est un aspect qui ne me déplaît guère bien que par delà les frontières bien plus au Nord se trouve être des terres complètement recouvertes de neige. Là ou le froid réside et s'éternise la vie elle devient de plus en plus difficile. Certains de nos semblables pourtant poursuivent leurs vies dans l'ensemble des congères et des monts escarpés des fjords et autres reliefs montagneux si fièrement dressés vers le ciel qu'ils pourraient peut-être dissimuler le chemin du royaume des dieux. Mes hommes de mains persistent et surveillent les curieux, ma démarche est fière, présomptueuse et je ne me veux aucunement complaisant dans ma façon de toiser les quelques envieux. Quelques sourires empreint de sarcasme pour les plus chanceux. Le dédale des ruelles se fait bien plus dense au fur et à mesure que j'arpente la grande place en ce jour de marché ou provisions et autres marchandises provenant de tout lieux se troquent, s'échangent et favorisent le commerce et le développement de notre civilisation.

J'aspirais à peu de choses, je n'étais pas vraiment ici pour acheter quelque chose. Il fallait se montrer, prouver qu'ici la puissance et la force et les faveurs des dieux étaient toujours aux côtés d'Holgern, le guerrier valeureux qui avait aspiré à devenir jarl dans une époque incertaine et changeante. J'inspirais aux générations futures la stabilité, la pérennité de notre mode de vie et perpétration de nos croyances. À travers ce faciès fermé arborant une mâchoire carré et une barbe des plus volumineuse j'observais les quelques esclaves pieds et mains liés se tenant fébrilement debout aux yeux des passants. Leurs pieds nues à même la terre boueuse se mêlant à la neige fondue me faisait prendre conscience que la condition humaine n'était que douleur et souffrance. Je percevais une jeune femme, sa stature montrait une certaine forme résignée par les rudes conditions climatiques mais, son visage et ses yeux eux ne perdaient aucunement leurs éclat et cette forme d’ingéniosité qui illumine le visage des plus valeureux. Je m'avance, ma main fermement apposée contre le pommeau de mon épée tendit que l'autre laisse un pouce gauchement coincé dans le ceinturon serrant ce corps robuste et encore empreint de cette forme d'audace présomptueuse des hommes d'âge mûrs. « Comment t'appelles-tu ? » Interrogea ma voix rogue et mes sourcils froncés sur sa petite personne attirant les convoitises et l'attention des marchands tout autour de nous deux. 

Je ne vois qu'une esclave

À travers sa pâleur je pouvais admettre qu'elle était pour une esclave très belle. Pourtant se n'est ni sa chevelure, ni ses yeux qui m’interpellèrent le plus. La prononciation de ses premiers mots s'extirpant d'entre ses lèvres me surprenaient d'autant plus qu'elle usait de notre langue pour communiquer avec cette pointe curieuse et empreint de maladresse. Je n'y répondais pas posant mon regard sur mes hommes de mains et sur le marchand accourant auprès de son client le plus estimé et respecté. C'est ce que je croyais aussi, être l'homme qui les sauveraient tous d'une façon ou d'une autre. Je n'étais guère sentimentale je calculais précisément les coups, les plus sournois faisaient transparaître la noirceur d'un esprit bien plus affûté et lugubre. « D’où viens tu ? Je ne crois pas reconnaître ta langue même si tu uses maladroitement de la mienne. » Le marchand vint se présenter à moi. Il s'inclina et je levais ma main en signe de gratitude à sa servitude et cette posture à mon égard. Je n'oubliais pas que tout ces gens, mes sujets en l’occurrence avaient autant de la crainte pour mon statut que pour l'homme et parfois il fallait peut-être se montrer quelques peu magnanime avec eux.  « Ou as tu récupérer toutes ces marchandises ? Je peux m'assurer de la véracité de tes propos à leurs sujets ? » Déclarais-je attendant réponse à mes questions. Marchand d'esclave : « Ils ont été achetés à un prix bon marché au Jutland oh jarl Holgern. Hedeby n'est pas vraiment hostile au commerce qui profite à sa ville fortifiée. Cependant celle-ci est un peu plus cher que les autres contenue de ses qualités. » Déclara-t-il ne perdant pas de vue ce que je venais aussi de constater. Il avait l’œil, un marchand a ce genre de talent et pour nous autres nous avions assez de défauts pour qu'il puisse les exploités.  

Je ne vois qu'une esclave

Au delà de la mer rien que ça ? Elle semblait dire la vérité et sa façon d'accentuer les paroles ne semblait pas familière à ce que je pouvais entendre de manière spontanée. Elle avait cependant quelques manières, non pas pour déplaire c'était plutôt encourageant de voir une esclave docile prête à servir. « Tu m'as tout l'air fragile pour un si joli brin de femme... » Songeais-je à la réflexion elle me serait forcément très utile de là ou elle venait elle pouvait me transmettre son savoir et nous en avions cruellement besoin. « Comment s'appelle l'endroit d’où tu viens ? Parles sans crainte et si ta réponse me satisfait je t'enlèverais ces chaînes qui étreignent tes chevilles en te mettant à mon service. » Ainsi l'affaire serait conclue sans détour et rapidement pour obtenir les informations que je cherchais à garder pour moi et mon cercle restreint de confidents. Je n'attendais qu'une réponse rien de plus, le marchand prêt à recevoir ma bourse des quelques métaux précieux que je gardais précieusement en réserve de toute une imposante fortune accumulée par mes prédécesseurs et moi même dans des temps plus glorieux.  

Je ne vois qu'une esclave

L’Angleterre ? À ces mots il pensait entendre une mauvaise farce. Bien sûr ce royaume était connu désormais. Il n'y avait pas de doute là dessus. Alors pourquoi ce sourire et ce ton ironique semblait de moins en moins le ravir ? C'était là donc tout ce qu'il entrevoyait, une femme en provenance d'une contrée qu'il n'était pas à même de pouvoir explorer. Autrefois durant sa fougue jeunesse il se serait juré d'y partir en raid. Aujourd'hui était une autre époque, une autre histoire. Des enjeux bien grands se jouaient et il ne savait pertinemment que la situation n'allait faire qu'empirer si cela continuait. Si il ne pouvait pas partir dans ce royaume d'Angleterre personne n'irait, en aucun cas. Tous les mérites devraient lui revenir à lui et non pas à quelques fermiers en quête de richesse. Non ils devront partir et se batte en son nom car telle est sa volonté. « Tu pourrais m'être utile, tu pourrais obtenir bien plus que cette misérable vie. » Déclarais-je dans un timbre de voix assuré et conscient de toutes les possibilités qu'envisageait une jeune femme aux qualités insoupçonnés. Seul les Dieux savent à quoi elle pourrait servir, pourtant dans son esprit germe déjà les prémices d'un plan à échafauder sans l'ombre d'un doute son regard à changé. Après quelques mots échangés avec le marchand d'esclave l'affaire était conclue. Son geôlier libéra la prisonnière de ses chaînes. « Et bien Lauren de Bebbanburg tu m’appartiens désormais. » Concluait t-il le visage impassible, implacable et fier.